Le street art,
transformer la rue en musée

Le street art est à la mode ! Initialement controversé, car par essence illégal, ce mouvement artistique trouve aujourd’hui un fort écho, auprès du grand public ainsi que des professionnels de l’art.

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12 janvier 2022

Portrait de Spyke Lee par Nuxuno Xan

Le street art est-il à l’art graphique, ce que le rap est à la musique ?

Dans les années 90, ces deux disciplines issues de la rue incarnaient la dénonciation et la revendication du mode de vie de ceux qui n’avaient pas accès à la culture sous sa forme conventionnelle et élitiste. Par cette expression artistique, les auteurs se rendaient porte-paroles d’une réalité difficile et dénonçaient ce que les classes privilégiées ne connaissaient pas ou ne voulaient pas voir. Plus que ça, ils représentaient aussi des codes et des messages d’espoir adressés à leurs auditeurs et spectateurs.

Depuis maintenant quelques années, tant le rap que le street art ont le vent en poupe !

Les messages forts qu’ils transmettent ont dépassé les quartiers dans lesquels ils sont nés, pour s’imposer dans les radios non spécialisées, les victoires musicales, les galeries, les musées et au cœur des villes.

L’art urbain a trouvé sa légitimé dans l’amplitude de son écho et se voit plébiscité jusqu’au niveau institutionnel : soutien officiel de rappeurs à des représentants politiques, images iconiques créées par des street artists telles que le célèbre poster Obama Hope de Shepard Fairey, pour la campagne américaine de 2008.

Est-ce le succès populaire du street art qui pousse les institutions à le mettre en valeur ou est-ce la mise en valeur du street art par les institutions qui lui permet d’accroître sa popularité ?

Sûrement les deux !

Le résultat offre aujourd’hui aux habitants et visiteurs des villes des cinq continents la possibilité de rencontrer l’art à n’importe quel coin de rue et sous toutes ses formes : graffitis, pochoirs, stick art, installations, yarn bombing, tape art, tant de techniques en fusion avec l’environnement urbain ou naturel, pour un rendu artistiquement authentique.

Dans nos villes, le street art rejoint l’architecture, comme la Casa Batlló de Gaudi à Barcelone (Espagne) ainsi que les statues et sculptures, telles que le Mustang de Mariko, à Montpellier. Des espaces de création et des festivals dédiés à cette discipline émergent et des visites guidées sont organisées par les villes.

Certaines communes vont même plus loin et commandent aux street artists des habillages de monuments et édifices, éléments de leur attraction touristique.

La ville de Ajo, en Espagne a demandé à l’artiste Okuda San Miguel de peindre son célèbre Faro de Ajo.

« 72 nuances de couleurs qui représentent la richesse naturelle et la diversité culturelle de Cantabrie » explique l’artiste. Cette initiative fait polémique au sein des habitants, néanmoins ni les uns ni les autres n’ont renoncé et le Faro de Ajo jouit aujourd’hui d’une notoriété certaine et éclectique.

Le street art ou musée en plein air

C’est incroyable ! La vivacité d’esprit des artistes alliée aux nouvelles technologies nous invitent à élargir notre champ de vision, repousser les limites de notre imagination et tester de nouvelles expériences.

Le street artiste TVboy, connu pour ses dessins clin d’œil à l’actualité réalisés aux quatre coins du monde, nous propose une expérience digne d’une visite de musée. Muni de notre smartphone, il nous invite à flasher le QR code placé à côté de son œuvre afin de nous immerger dans son univers et nous guider dans sa démarche. Les artistes cassent les codes et bientôt le musée dans la rue ou la rue dans le musée se confondent, comme l’illustre le spectaculaire workshop présenté au septembre par l’école Kourtrajmé « Jusqu’ici tout va bien » au Palais de Tokyo.

En somme, il ne fait aucun doute que le street art fait aujourd’hui partie intégrante du marché de l’art. On le retrouve dans les galeries ainsi que dans les plus célèbres salles de vente. Ses auteurs sont d’ailleurs de plus en plus reconnus, comme l’illustre la croissance de la cote de Banksy ces dernières années. Cependant, et ce indépendamment de sa valorisation financière, le street art ne semble pas perdre son essence en restant accessible et visible dans sa forme initiale et à travers ses nombreuses techniques, afin d’animer nos espaces urbains et diffuser ses messages.

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